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Notre cerveau cherche avant tout la cohérence !

Comment prenons-nous nos décisions ? Nous allons vers ce qui nous paraît être le plus cohérent avec l'image que nous avons de nous-mêmes.

Ainsi fonctionnons-nous selon les principes de la théorie de l'engagement développée en France par Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois qui ont notamment publié le "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens".
Que dit en quelques mots cette théorie maintes fois éprouvée?
Si vous prenez un engagement mineur, par exemple de mettre un petit autocollant sur votre véhicule pour défendre une cause, vous serez beaucoup plus enclin ensuite à vous engager sur un acte beaucoup plus fort, comme par exemple autoriser l'implantation d'un panneau disgracieux dans votre jardin défendant cette même cause.


L'expérience a été réalisée pour la sécurité routière et a conduit à bien plus d'accords (76%) lorsque l'autocollant avait été accepté une dizaine de jours avant, que lorsque rien n'avait été proposé (17% d'accords spontanés seulement). Ce petit geste qui engage est appelé le "pied dans la porte", on comprend aisément pourquoi. Il permet l'ouverture plus large par la suite, autrement dit l'ouverture de l'esprit, par souci de sa propre cohérence. Mais attention, ce premier acte doit être réalisé de manière totalement libre pour qu'il soit engageant. S'il existe la moindre contrainte, le besoin de cohérence n'entrera plus en jeu puisqu'il y aura alors en quelque sorte une soumission non librement consentie. L'extérieur, en particulier sous une forme même minime d'autorité, sera alors rendu 'responsable' de l'incohérence.

Une autre manifestation de cette recherche de cohérence de la part du cerveau :
Si un fait vient contredire ce en quoi nous croyions jusque là, notre esprit va chercher à rétablir la cohérence. Deux possibilités s'ouvrent alors pour lever cette dissonance : soit nous renions ou dénigrons l'élément externe nouveau, soit nous remettons en cause notre représentation mentale. Le mode de pensée scientifique impose de suivre toujours la seconde voie : lorsqu'une observation dûment vérifiée s'avère incompatible avec la théorie admise jusque là, cette dernière est remise en cause.


Les savants se penchent à nouveau sur la question jusqu'à ce qu'une nouvelle théorie parvienne à prendre en compte les données précédentes ET la nouvelle observation. Ainsi la théorie de la gravitation de Newton fonctionnait parfaitement, jusqu'à ce qu'il soit découvert que Mercure n'y obéissait pas. Le décalage observé dans son mouvement autour du soleil ne pouvait s'expliquer par les lois établies par Newton. Il fallut des années pour que la théorie de la relativité d'Einstein vienne rendre compte de tout ce qu'avait expliqué Newton ET de l'avance observée pour la révolution de Mercure.

Nous devons reconnaître que nous agissons fort rarement comme le font les scientifiques. Pour assurer la cohérence de nos représentations internes, le plus souvent nous donnons une interprétation peu objective à l'élément externe venu contrarier notre bel édifice mental voire nous le nions. Normal, c'est tout de même plus simple de mettre en cause un détail extérieur que tout un échafaudage intérieur. De tous ces petits arrangements proviennent bien des divergences entre humains. Chacun a construit, au fil de son expérience personnelle, sa représentation du monde. Lorsqu'un évènement extérieur vient se confronter à cette cohérence, chacun l'interprète au nom de la cohérence de son propre édifice cérébral. Ainsi un même événement va prendre des formes très différentes dans chacune de ces constructions individuelles, ce qui ne manquera pas de conduire à un moment ou un autre à des malentendus, voire des conflits qui pourront devenir grands… toujours et encore grâce à notre besoin de cohérence. Qui n'a pas maintenu sa décision coûte que coûte parce que ayant pris une mauvaise option au départ, il tenait à conserver sa cohérence, sans même évoquer le rôle de l'amour-propre dans cette affaire ?

Ce besoin de cohérence a été mis en lumière dès 1940 par Kurt Lewin sous une forme qu'il a nommée ''effet de gel''. Vous avez décidé d'aller voir tel film au cinéma ce soir. Dès le début, il vous ennuie et vous vous doutez fort qu'il ne vous plaira pas jusqu'à la fin. Vous allez avoir tendance à rester malgré tout jusqu'au bout.


Parce que vous vous êtes engagé en choisissant ce film, en vous déplaçant au cinéma, et en payant votre place. Vous ne regarderiez probablement pas ce même film jusqu'au bout en étant devant la télévision : votre engagement s'étant limité à la manipulation d'une télécommande, celui-ci ne remet pas en cause votre cohérence si vous changez d'avis. Imaginez ce que ce besoin de cohérence coûte lorsque les traders se rendent compte qu'ils n'ont pas fait le bon choix !!!

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